La France, pionnière ou à la traîne ?
Les études sur le sujet sont rares, souvent parcellaires, mais s’accordent sur un point : le télétravail, né aux États-Unis dans les années 1970, se développe à un rythme croissant sur le Vieux Continent. Longtemps à la traîne, la France se positionne désormais dans la moyenne européenne, encore loin derrière la Scandinavie ou le Royaume-Uni – où près d’un tiers des salariés ont sauté le pas – mais nettement devant les pays latins.Accord-cadre européen dès 2002, accord national interprofessionnel en 2005, inscription au Code du travail en 2012, plan national initié en 2015… sous l’impulsion des pouvoirs publics, le télétravail gagne régulièrement du terrain, dans les grands groupes mais aussi dans les PME et les TPE. Il concernerait aujourd’hui plus de 16 % des salariés du public et du privé. Un chiffre qui regroupe néanmoins plusieurs populations, depuis les nomades – travaillant en itinérance – jusqu’aux salariés le pratiquant sporadiquement, à raison d’une ou deux journées par mois. Il inclut aussi ceux qu’on appelle les « télétravailleurs gris », ces cadres qui rapportent de manière informelle des dossiers à la maison, et dont le nombre est par essence difficile à quantifier.
À temps plein ou partiel, à domicile ou dans un espace de coworking, les territoires se sont emparés du télétravail pour en faire un vecteur de développement économique, aidant à juguler la pression immobilière dans les centres urbains au profit de zones plus rurales et favorisant le développement d’une activité diurne dans des quartiers ou des communes essentiellement résidentiels. Certaines collectivités proposent d’ailleurs des aides ou un accompagnement aux entreprises désireuses de le mettre en place.
Contribuant enfin, en diminuant les déplacements aux heures d’affluence, à réduire les émissions de CO², il s’inscrit résolument dans l’air du temps et se veut synonyme d’une amélioration globale de la qualité de vie.
Une formule plébiscitée par les salariés
Moins de stress, meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, économies substantielles en permettant de résider plus loin de son entreprise… pour les salariés, le télétravail est avant tout vécu comme une opportunité. Selon le cabinet de conseil RH Kronos, 71 % des travailleurs français s’y déclarent favorables. 96 % y voient, à raison, une source de bien-être. Car dans les faits, il représente, en moyenne, 37 minutes de moins dans les transports et 45 minutes de sommeil supplémentaire chaque jour... À condition d’aller de pair avec un vrai droit à la déconnexion et d’être organisé pour limiter le sentiment d’isolement, il ne présente que des avantages.
Motivation et productivité : de vrais gains pour l’employeur
Plus efficace chez soi ou dans un espace partagé, mais extérieur à l’entreprise ? Moins fatigué car dispensé de transports, plus concentré, plus autonome dans la gestion de ses plages d’activité, le télétravailleur augmenterait son temps de travail de 2,5 %, sa productivité de 22 % et épargnerait à son employeur 5,5 jours d’arrêt maladie chaque année.S’y ajoutent d’autres bénéfices sonnants et trébuchants : un télétravailleur « délocalisé » à temps plein n’a pas besoin de bureau dans les locaux de l’entreprise, et deux salariés présents seulement une ou deux journées par semaine peuvent se partager le même.
Enfin, parce qu’il est source d’autonomie supplémentaire et qu’il répond souvent à une attente forte, le télétravail constitue un levier de motivation puissant.