Grandir : un cheminement naturel
- Start up, scale up, et plus si affinités
Elle est née d’une idée, parfois sur un coin de table, et son créateur l’a lancée avec un seul objectif : la mener sur le chemin du succès.
Entièrement centrée sur la recherche de débouchés et de chiffre d’affaires, une start up joue à fond la carte de l’agilité, sans s’embarrasser de structures susceptibles de retarder son développement : pas de staff, peu ou pas de salariés, le moins de frais fixes possible et toutes les aides mobilisables, depuis l’hébergement par une pépinière jusqu’aux prêts d’honneur et autres subventions accordées aux jeunes pousses. Une fois l’essai transformé, tout reste pourtant à faire.
Qu’elle ait débuté à la vitesse d’un bolide ou non, la croissance d’une entreprise se pilote. Sous peine de devenir incontrôlable.
La France et le Royaume-Uni se caractérisent par un nombre de créations d’entreprises proche, autour de 550 000 chaque année selon l’Insee. Il est notoire que la création de richesse passe essentiellement par les TPE (start up ou non) et les PME. Un rapport du Cercle d’Outre-Manche estime à environ 1 million de startups existantes en France (pour un volume d’investissement total de 1,81 Md €). Pour mémoire, une start up est une entité innovante à fort potentiel de croissance sur 24 mois.
Lorsque l’on s’intéresse aux scale up (entités d’au moins 10 employés ayant un chiffre d’affaires évoluant à un rythme minimal de +20 % sur trois ans), le fossé se creuse davantage : 205 en France contre 399 au Royaume-Uni, et un investissement respectif de 13,7 Mds € contre 25,3 Mds €.
Inciter à investir en France, alléger la pression fiscale et réformer le Code du travail pour permettre davantage de flexibilité font partie des pistes explorées par les gouvernements successifs, celui d’Édouard Philippe en tête. Il n’en demeure pas moins que nombre de petites entreprises (start up ou non) ratent le virage, non par manque de moyens potentiels, mais faute d’avoir su gérer leur transformation.
- Rester innovant et agile : l’impossible défi ?
En dehors du nombre de salariés et des obligations en termes de représentation du personnel, la différence entre une TPE et une PME réside essentiellement dans son approche.
Lorsqu’une entreprise grossit, elle ne peut plus se permettre de raisonner uniquement sur la base de son chiffre d’affaires immédiat. Son business model doit évoluer, éventuellement se réorienter vers l’international ou les grands comptes. Et pour voir plus grand, s’obliger à regarder plus loin, se structurer, se doter d’une organisation des RH verticale, industrialiser ses process et à rendre l’information plus fluide entre les services.
Allonger les boucles décisionnelles, mettre en place des routines organisationnelles et finir par reculer faute de n’être plus contraint d’avancer… l’image de la PME sclérosée, frappée d’immobilisme taraude tous les petits entrepreneurs au moment de passer la vitesse supérieure.
Pourtant, la croissance ne signifie ni la fin de l’agilité, ni celle du potentiel innovant. C’est un cheminement naturel, destiné à transformer une jeune pousse en entreprise adulte.