9 % des TPE seraient à vendre
Le croisement des données objectives avec les souhaits exprimés par les dirigeants révèle un écart important entre l’intention de passer la main et le passage à l’acte.
59 % des patrons de TPE déclarent – selon une étude qualitative également menée par l’Observatoire BPCE – qu’ils envisageraient de vendre si une proposition de reprise leur était faite.
Un sur quatre annonce vouloir céder dans les deux ans. En minimisant au maximum, 9 % des TPE, soit 155 000 entreprises seraient aujourd’hui en quête de repreneur. Soit un rapport de 1 à 3,4 entre la volonté ferme de dirigeants déterminés à vendre et les quelques 46 000 cessions qui se sont réellement concrétisées sur une année.
Les dirigeants français vieillissent
L’horizon de cession dépend de l’âge des dirigeants. 58 % des moins de 40 ans n’envisagent pas de se séparer de leur affaire dans les dix ans. À l’inverse, 57 % des 60 ans et plus souhaitent le faire dans un délai de deux ans. Mais, alors que plus de la moitié des quadragénaires parvient à trouver un repreneur, moins d’un quart des sexagénaires et 17 % seulement des dirigeants âgés d’au moins 65 ans réussissent à céder leur affaire. Conséquence, faute d’issue positive, la majorité d’entre eux se résout à rester à la barre.
Même son de cloche du côté des PME et des ETI, où le vieillissement des dirigeants s’accélère : de 14,6 % en 2005, la proportion de 60 ans et plus atteignait 17,2 % en 2010 et dépasse désormais 21 %. 8,6 % ont même plus de 66 ans. Or la logique de désendettement et de limitation des investissements caractéristique des dirigeants âgés est de nature à réduire le potentiel de croissance total des PME et à fragiliser l’économie nationale.
Encore trop de disparitions par manque d’anticipation
Le nombre réduit de cessions ou de transmissions de TPE ne s’explique pas seulement par la tendance à la création d’entreprise, et au manque de formation des candidats, tant aux mécanismes de la reprise qu’aux savoir-faire spécifiques liés à certaines activités. Seule une petite majorité des 60 ans et plus avoue avoir « pris quelques précautions » pour sécuriser l’avenir de son affaire. Trop d’entre eux s’obstinent aussi à rechercher un hypothétique repreneur idéal, plaçant devant les conditions financières de l’accord des facteurs humains certes louables, mais de nature à constituer un frein supplémentaire.
La transmission familiale, une fausse bonne idée ?
L’image de l’aîné reprenant l’affaire créée par son père a vécu. Avec seulement 12 % de transmissions intrafamiliales, la France est l’une des plus mauvaises élèves européennes, loin derrière l’Allemagne (67 %) ou encore l’Italie (78 %). Au-delà du désir légitime de léguer des valeurs à la génération suivante, de multiples freins contribuent à réduire ces transmissions à peau de chagrin : impossibilité de léser les autres héritiers, absence d’appétence ou de qualification de « l’élu »…
Pourtant, le taux de survie à trois ans est plus élevé en cas de transmission familiale que lorsque l’entreprise est cédée à un tiers. Et si les cessions ordinaires se traduisent par une croissance légèrement plus forte (10 % contre 9 %), leur progression s’avère, sur le long terme, moins régulière.
Reste à rendre plus lisible le pacte Dutreil, censé favoriser les transmissions intrafamiliales par un allègement de la fiscalité sur les donations et les successions. Ce dernier, trop souvent perçu comme un piège inextricable, suscite surtout… de la défiance. Affaire à suivre.