L’un des principaux freins au développement des entreprises
Le coût du travail et la complexité du droit et du code du Travail constituent traditionnellement deux freins majeurs au développement des entreprises hexagonales. Pour la première fois, un élément nouveau se hisse sur le podium dans un sondage exclusif réalisé courant 2016 par l’Ifop pour le compte de l’association des métiers du conseil et du management Consult' in France. Cette pénurie représente même, pour 46 % des dirigeants de PME et d’ETI, le principal obstacle rencontré sur le marché du travail.
La fin de l’attractivité française ?
Malgré un taux de chômage proche de 10 % – deux fois plus que l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour ne citer qu’eux –, l’équilibre offre/demande sur le terrain de l’emploi atteint le point de rupture. Force historique du tissu économique français, la main-d’œuvre qualifiée et disponible fait désormais défaut dans de nombreux domaines. ETI au développement rapide, foisonnement de jeunes entreprises innovantes, dynamisme de secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique, transformation numérique nécessitant de nouvelles aptitudes… les besoins en compétences ne cessent d’augmenter. Du technicien spécialisé à l’ingénieur de haut vol, recruter des talents relève trop souvent de l’exploit.
Des carences constatées dès la formation initiale
Régleurs, soudeurs, robinetiers… bien qu’ils débouchent rapidement sur un emploi faute de concurrence, les métiers à caractère industriel ne font plus rêver les jeunes générations. Ces dernières préfèrent massivement s’orienter vers des carrières commerciales ou administratives. Jugés dévalorisants, les métiers manuels véhiculent une image digne de la Révolution industrielle aux antipodes de ce qu’ils peuvent être réellement : des emplois nécessitant sang-froid, réactivité et compétences multiples dans un univers futuriste où l’homme pilote des machines chargées des tâches laborieuses. Cette désaffection croissante pour l’industrie ne touche pas que les métiers techniques. Nombre d’ingénieurs la désertent aussi, au profit de la finance et des cabinets de consulting. Les informaticiens ne sont pas en reste : chacun se rêve manager, et les développeurs de haut niveau et autres architectes système manquent.
Privilégiant des métiers censément d’avenir dont on ignore les perspectives réelles, l’Éducation Nationale a réduit au strict minimum l’offre de formation des filières techniques, un peu hâtivement jugées perdues. Les entreprises textiles qui relocalisent leur activité peinent par exemple à recruter des techniciens immédiatement opérationnels, et elles ne sont pas les seules.