- Le Conseil économique et social tire le signal d’alarme
Si d’un trimestre à l’autre, le baromètre de la Banque de France évolue, reflétant ici et là d’éphémères embellies, la situation reste durablement préoccupante aux yeux du Conseil économique, social et environnemental, auteur d’un rapport consacré à l’accès au financement du développement des PME/TPE, rendu public au printemps 2017.
Outre un état des lieux, ce rapport préconise plusieurs mesures destinées à « réconcilier les statistiques bancaires et le ressenti des entrepreneurs », en particulier les dirigeants des structures de moins de dix salariés, et faire en sorte que la France ne soit plus, avec la Grèce, l’un des deux seuls pays de la zone euro où la demande est supérieure à l’offre. Le premier levier suggéré est tout naturellement d’ordre public. Le CESE recommande d’élargir l’action de BpiFrance, la banque publique d’investissement partenaire de nombre d’ETI et de PME, au bénéfice des TPE.
- Des garanties au Prêt croissance : les régions au cœur de l’action
Dès 2016, la Région Ile-de-France, particulièrement active depuis des années auprès des start-ups et des entreprises innovantes, a mobilisé BpiFrance pour lancer une nouvelle forme de prêt sans garantie, destiné aux entreprises de moins de 50 salariés, justifiant au minimum de trois années d’existence et dont l’essentiel de l’activité est localisé sur le territoire francilien. D’un montant compris entre 10 000 et 50 000 €, le Prêt croissance finance des investissements matériels, mais aussi immatériels liés à des projets de développement. R&D, formation du personnel, marketing, publicité ou encore création d’un site web : ces dépenses immatérielles sont en effet les plus difficiles à vendre aux établissements bancaires classiques, qui préfèrent de loin contribuer à l’acquisition de biens physiques (immobilier, véhicules ou encore machines), susceptibles de servir de garantie.
Bien qu’encore expérimental, le concept a rapidement fait école. En Auvergne-Rhône-Alpes, un Prêt croissance TPE/PME a vu le jour, pour financer les dépenses immatérielles et les besoins en fonds de roulement liés à des projets de développement, notamment à l’international. Son montant peut atteindre 300 000 €.
Une version intermédiaire est, depuis le printemps 2017, proposée par plusieurs autres régions, notamment les Hauts-de-France, la Bretagne ainsi que par le Conseil économique et social qui en préconise la généralisation à l’ensemble du territoire. Ces Prêts croissance peuvent être sollicités en ligne, via les sites des régions.
- Pour démarrer ou grandir, maximiser l’effet levier
Certains dispositifs déployés par les collectivités restent néanmoins des cofinancements adossés à des prêts classiques, à des apports en fonds propres ou à des opérations de crowfunding. D’autres visent à faciliter l’accès au crédit au moyen de garanties et de principes de partage de risque destinés à lever les réticences des partenaires financiers et à attirer d’éventuels investisseurs.
Les budgets alloués à ces opérations restant modérés au regard des besoins, l’objectif premier est de générer un effet levier, qui permet, pour un euro investi, d’en réunir jusqu’à cinq ou dix. Ces prêts limitent aussi la caution solidaire du dirigeant, généralement exigée par les établissements financiers.
Financement participatif : un filon encore peu exploité
On le croit, à tort, réservé à des actions solidaires et limité à des microcrédits finançant des initiatives individuelles. Sous la forme de prêt avec ou sans intérêt, de prise de participation ou même de don, le crowfunding – ou financement participatif – est devenu un moyen efficace de lever des fonds tout en préservant son indépendance. Des start-ups aux médias en ligne, des créateurs de jeux vidéo aux porteurs de projets innovants… de plus en plus d’entrepreneurs y recourent. La mise en relation entre demandeurs et financeurs est opérée par une plateforme spécialisée, qui se rémunère au passage.
En parfaite adéquation avec l’esprit collaboratif actuel, le crowfunding présente en outre l’avantage de pouvoir estimer le potentiel de son projet à l’aune des réactions des internautes. Cette option via le web ne dispense toutefois pas de proposer un projet mature, concret, attractif… ni de mobiliser son réseau personnel pour enclencher le processus.