Publié le 18/12/2024
L’ouverture d’une procédure de liquidation n'entraîne pas automatiquement une sanction à l’encontre du dirigeant. En revanche, si une faute de gestion lui est reprochée, le dirigeant peut être exposé personnellement et voir sa compétence et/ou son honnêteté être remises en cause. Dans ce cas, le tribunal saisi peut condamner le dirigeant à différentes sanctions : comblement de passif, faillite personnelle, interdiction de diriger, voire une peine d’emprisonnement.
La principale sanction encourue par un dirigeant dans le cadre d'une procédure de liquidation judiciaire est d’être obligé de rembourser tout ou partie des sommes dues aux créanciers. Cette sanction ne peut être ouverte que si le dirigeant a été reconnu comme étant l’auteur d’une faute de gestion ayant contribué à l’insuffisance d’actif pour régler les créanciers.
Les exemples de fautes de gestion sont nombreux et concernent en général une attitude passive ou négligente du dirigeant, voire un comportement contraire à l’intérêt social :
Les dirigeants de droit (PDG, gérants majoritaires ou minoritaires dans les SARL, dirigeants de sociétés par actions simplifiées, etc.) sont concernés, mais également les dirigeants de fait : dans une petite SARL, par exemple. Lorsqu'il est prouvé qu'un associé joue le rôle d'un gérant de fait, il s'expose aux mêmes risques qu'un gérant de droit.
Sur le plan professionnel, le dirigeant peut faire l’objet d’une interdiction de diriger. Si cette interdiction est prononcée, le dirigeant ne peut exercer aucune fonction de gestion ou d’administration, directe ou indirecte de toute entreprise, quelle que soit sa taille. Cette sanction peut être prononcée par le juge lorsqu’il met en lumière des faits pouvant être apparentés à de la malhonnêteté :
L’interdiction de gérer est prononcée pour une durée laissée à l'appréciation du juge. Elle ne peut cependant excéder quinze ans.
À noter : une déclaration en faillite personnelle provoque automatiquement l'interdiction de gérer une entreprise, et dure également quinze ans maximum. Cette déclaration de faillite peut être accompagnée d’une déclaration d’incapacité à exercer une fonction publique élective, et ce pour une durée égale à la faillite personnelle, dans la limite de cinq ans.
Avant de se déclarer en cessation de paiement, plusieurs solutions existent lorsqu’une entreprise connaît des difficultés et voit ses dettes s’accumuler.
Une négociation peut être entamée avec les créanciers pour obtenir un accord à l’amiable portant sur les modalités de paiement des dettes.
Si les difficultés sont exceptionnelles et ponctuelles, la société peut demander des délais de paiement auprès de l’administration fiscale ou faire appel à des dispositifs de soutien pour la guider dans sa restructuration.
Le mandat ad hoc et la conciliation sont également deux atouts majeurs.
Il est conseillé de recourir au mandat ad-hoc dès les prémices de difficultés financières, c’est-à-dire avant d’entrer en cessation de paiements, afin de remédier à la situation à temps. Cette procédure est confidentielle et payante. Elle fait appel à un mandataire ad hoc qui assiste le chef d’entreprise pour l’aider à rétablir la situation.
Pour avoir recours à un mandat ad hoc, c’est au dirigeant d’en faire la requête écrite auprès du greffe du Tribunal de grande instance ou de commerce. Ce dernier désigne alors un mandataire, souvent un expert économique ou financier.
Le principal intérêt du mandat ad hoc est d’obtenir un soutien, une médiation et une expertise pour mettre en place des solutions efficaces, notamment une négociation ou la conclusion d’un accord entre l’entreprise et ses créanciers, ou d’aider à obtenir des financements.
Le mandat ad hoc prend fin à l’issue du délai fixé dans l’ordonnance de nomination. S’il a échoué dans sa mission, la société peut s’orienter vers une procédure de conciliation.
La procédure de conciliation repose sur la désignation d'un conciliateur, un auxiliaire de justice assermenté et bénévole, qui négocie directement avec les créanciers afin d'obtenir un accord amiable destiné à mettre fin aux difficultés de la société. Cette procédure reste confidentielle sauf si le dirigeant demande une homologation de l’accord de conciliation..
Après réception de la demande, c’est le président du tribunal qui désigne directement le conciliateur. La société peut néanmoins proposer un nom. Une fois désigné, la mission du conciliateur dure 4 mois maximum, et peut être prolongée d’un mois à sa demande sans que la durée totale excède 5 mois.
Autre mesure préventive si les difficultés persistent : la procédure de sauvegarde. Elle permet à la société d'organiser son redressement afin d'éviter la cessation des paiements en étant placée sous la protection de la justice, donc à l’abri des créanciers. Deux conditions doivent être réunies : l’entreprise doit traverser des difficultés sérieuses, (le tribunal s'assurera de la réalité de ces difficultés) mais ne pas être en cessation des paiements.
Un diagnostic économique et social de l'entreprise est posé pendant une phase d’observation : durant celle-ci, le chef d'entreprise conserve son pouvoir de gestion dans l'entreprise, l'administrateur nommé par le tribunal n'assurant qu'une mission d'assistance et de surveillance.
À l’issue de cette période, si la survie de l'entreprise est possible, le tribunal entérine un plan de sauvegarde.
Enfin, si l’entreprise ne peut absolument pas faire face à ses dettes, elle sera placée sous redressement judiciaire. C’est la procédure de dernière chance avant la liquidation : elle donne une nouvelle opportunité à l'entreprise de poursuivre son activité, de maintenir l'emploi et de vérifier son passif, dans le cadre d’un plan de continuation.
En cas d'échec de la procédure ou si les difficultés de l'entreprise semblent directement compromettre sa survie, c’est la liquidation judiciaire.
Sources