Évaluer le risque d’incendie en entreprise
L'évaluation des risques constitue l'une des obligations légales de l'employeur en matière de sécurité incendie. Elle est d’autant plus importante que les conséquences d’un incendie peuvent être très graves : dommages directs (destruction du matériel d’exploitation, cessation de l’activité, etc.), pour lesquels l’entreprise est généralement assurée, mais aussi dommages indirects, telles que des répercussions environnementales, sociales (chômage technique des salariés par exemple) et financières (défaut d’exploitation).
Pour limiter ces risques, l’évaluation consiste à identifier les situations réunissant les 3 conditions d’une combustion :
- Les produits combustibles : lister l'ensemble des produits combustibles présents au sein de l'entreprise (carton, papier, butane, aluminium, essence, etc.), définir leur état physique (liquide, aérosol, gaz, poudre, etc.) et déterminer leurs conditions d'usage et de stockage (température, quantité, bacs de rétention, etc.).
Les produits comburants : identifier les matières qui, en se combinant avec un combustible, peuvent entraîner une combustion (le plus souvent de l'oxygène ou de l'air).
- Les sources d'inflammation : relever les potentielles causes de départ d'incendie. Elles peuvent être d'origine thermique (travail par point chaud, flamme non protégée, surface chaude, etc.), électrique (étincelle, échauffement, etc.), mécanique (étincelles suite à une friction par exemple), climatique (soleil, foudre, etc.) ou encore chimique.
Les conclusions de cette évaluation doivent être retranscrites dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Il est indispensable à l'élaboration d'un plan de prévention en entreprise.
Lire aussi : Le guide pour prévenir les risques au travail
Comment réduire le risque d’incendie en entreprise ?
À partir de l’évaluation des risques, “il est important de travailler sur la base de scénarios possibles d'incendie. Il faut avoir une approche très opérationnelle pour mettre en place des solutions sur mesure”, comme le souligne Marc Espieux, afin d’empêcher l’incendie de survenir ou de se propager.
1. Agir sur les combustibles
En entreprise, il est généralement difficile de supprimer tous les combustibles. Vous pouvez néanmoins :
- réduire les quantités de combustible utilisées et stockées ;
- remplacer un combustible par un produit plus sûr (moins combustible, voire même incombustible) ;
- installer un système de captation des émissions de combustibles (vapeurs d'essence par exemple) ;
- nettoyer régulièrement et encadrer les accès.
2. Agir sur les comburants
De même, il est impossible de supprimer la présence de comburants (le dioxygène,
l'ozone, le protoxyde d’azote, e chlorate de sodium, ou encore l'acide nitrique),
au sein de l'entreprise ou des zones à risques. Deux actions sont néanmoins envisageables en milieu industriel.
- Réduire la présence de comburants : vous pouvez tout d'abord introduire un gaz inerte (azote, hélium, etc.) afin de réduire la teneur en oxygène et, ainsi, empêcher l'atmosphère d'être inflammable. Des mesures de restriction des accès sont néanmoins nécessaires afin d'éviter le risque d'hypoxie ou d'asphyxie dans ces zones.
- Isoler les comburants : vous pouvez également séparer les produits combustibles des produits comburants, tout particulièrement au sein des zones de stockage.
3. Agir sur les sources d’inflammation
Enfin, l'entreprise peut adopter des procédures spécifiques pour éviter les sources d'inflammation. Pour cela, vous pouvez notamment intervenir sur :
- le matériel (mise à la terre, conformité d'installation, etc.) ;
- l'entretien et les contrôles (détecteurs d'élévation de la température, thermographe infrarouge pour identifier les points chauds, etc.) ;
- l'encadrement des actions à risque (création d'un permis feu pour les travaux par point chaud par exemple).
En quoi consiste le permis de feu ?
Comme le rappelle Marc Espieux, « 25 % des incendies dans le monde industriel sont causés par des travaux par point chaud. Il s'agit généralement de travaux de maintenance qui produisent des étincelles ou des particules enflammées ». Ils peuvent résulter d’une opération de meulage, de soudage ou encore d’oxycoupage.
Obligatoire en Île-de-France et sur certains sites sensibles, le permis de feu donne une méthodologie pour s’assurer que le travail est réalisé dans un espace sécurisé. Comme le note Marc Espieux, « cette méthode n’est que du bon sens. Par exemple, avant de faire une soudure, il faut s’assurer que rien ne peut brûler à côté ». L’usage d’une caméra thermique est judicieux afin de s’assurer qu’il n’y a pas de résidus de points chauds.
Comment adapter l’organisation du travail au risque incendie ?
En dernier lieu, la prévention du risque incendie passe par 3 actions visant à un meilleur encadrement de l'organisation du travail.
- Respecter les normes règlementaires : en tant qu'employeur, vous devez vous assurer que les installations et équipements sont conformes au cadre réglementaire. Cela concerne notamment les dégagements, les sorties de secours, les dispositifs de désenfumage ou encore les équipements de chauffage et les panneaux photovoltaïques.
- Mettre en œuvre les moyens de prévention et de lutte : vous devez également mettre en place des moyens de détection et d’alerte incendie (alarme sonore par exemple), une signalisation des éléments de lutte contre l'incendie (extincteurs, sorties de secours, dégagements, etc.), ainsi que des moyens d'extinction (extincteurs, sprinklers, colonnes sèches, etc.).
- Former et informer le personnel : l'entreprise a l'obligation légale d'élaborer et d'afficher les consignes de sécurité face au risque incendie. Les équipes doivent également être sensibilisées sur le sujet et soumises à des exercices réguliers, notamment d'évacuation. Enfin, la formation du personnel le plus exposé est aussi indispensable (usage des combustibles, utilisation d'un extincteur, etc.).
Focus : le risque d’incendie dû aux panneaux photovoltaïques
Les panneaux photovoltaïques se démocratisent de plus en plus au sein des entreprises. Or, « 50 % des départs de feu ont une origine électrique » alerte Marc Espieux. C’est pourquoi une bonne installation et une maintenance annuelle est indispensable. Elle doit impérativement être réalisée par un bureau de contrôle et comprend 3 vérifications.
- La thermographie infrarouge : on utilise une caméra thermique pour s’assurer qu’il n’y a pas de points chauds sur la toiture. « Cette problématique est liée à de la surtension sur des câbles. C’est une cause récurrente dans les départs d’incendies ».
- La vérification de l’ensemble des connexions et de la bonne cohérence électrique du local.
- La mesure des résistances d’isolement pour éviter les courts-circuits.
Afin d’empêcher les incendies de survenir ou de se propager, il est nécessaire de travailler sur l'ensemble des scénarios possibles. Malgré ces mesures de prévention que nous avons détaillées ici, le risque zéro n’existe pas. Il est donc recommandé de souscrire une assurance multirisque professionnelle, notamment pour protéger vos locaux contre les incendies.
(1) Source : Incendie sur le lieu de travail - Conséquences et données statistiques - INRS - 2020