Publié le 18/10/2023
Les agricultrices ont longtemps été des travailleuses « invisibles » dont le travail n'était pas salarié ni reconnu et n'ouvrait droit à aucune reconnaissance professionnelle. La loi d'orientation agricole de 1999 a enfin créé le statut de conjoint collaborateur, première reconnaissance de leur travail (... et de celui des époux d'agricultrices car près d'un quart des chefs d'exploitations sont désormais des femmes).
Le statut de conjoint collaborateur ouvre droit à la retraite pour le conjoint mais aussi à des prestations sociales en cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle, à une pension d'invalidité en cas d'inaptitude partielle ou totale et à une créance de salaire différé (3 fois le SMIC annuel à condition d'avoir travaillé au moins 10 ans sur l'exploitation) en cas de décès de l'époux et de divorce. Il est défini à l'article L. 321-5 du code rural.
Depuis 2006, le conjoint, concubin ou partenaire de pacs qui aide l’exploitant agricole dans son activité doit choisir entre l'un des trois statuts suivants : collaborateur, salarié ou associé. Son activité doit de plus être obligatoirement déclarée par le chef d’exploitation sur le site guichet-entreprise.fr.
Si cette déclaration n'est pas faite, il sera considéré comme salarié. Une mesure justifiée par le fait que beaucoup de conjoints d'exploitants restaient jusqu'alors sans statut... et donc sans droits.
Promulguée en 2022, la loi n° 2021-1679 du 17 décembre 2021 dite loi Chassaigne, visait à revaloriser les pensions de retraite agricole les plus faibles, tout particulièrement pour deux profils :
Ne percevant pas de rémunération immédiate pour le travail qu'ils réalisent, les conjoints collaborateurs et aides familiaux bénéficient de droits à la retraite moindres. Ainsi, au 4e trimestre de 2020, leur pension mensuelle s'élevait en moyenne à (1) :
Le montant de la pension de ces travailleurs pouvant être plus faible encore – principalement pour ceux n'ayant pas validé suffisamment de trimestres –, la loi Chassaigne a institué une revalorisation mensuelle de 100 € en moyenne, et ce, depuis le 1er janvier 2022 (3).
Pour atteindre cet objectif, la loi portée par le député André Chassaigne s'appuyait sur deux principaux outils :
En parallèle, la loi Chassaigne a limité le recours au statut de conjoint collaborateur à 5 années. Déjà appliqué aux aides familiaux, cet encadrement affiche un objectif majeur : inciter les exploitants à utiliser des statuts (co-exploitant ou salarié agricole) plus rémunérateurs pour leur conjoint. Cette mesure qui concerne tous les conjoints collaborateurs, y compris ceux qui étaient déjà en activité, devrait offrir à ces derniers une meilleure couverture sociale, notamment en ce qui concerne la retraite.
Ces nouveautés étaient largement attendues par la filière, d'autant plus qu'elles font écho à une mesure en vigueur depuis le 1er novembre 2022 : la revalorisation des retraites les plus faibles des chefs d'exploitation. Celles-ci sont désormais égales à 85 % du Smic net agricole, contre 75 % par le passé (3).
Le conjoint collaborateur d'un exploitant agricole cotise obligatoirement pour la retraite de base et la retraite complémentaire auprès de la Mutualité Sociale Agricole (MSA).
L'exploitant acquitte au nom du conjoint collaborateur 3 cotisations différentes, calculées en fonction des revenus professionnels :
Depuis le 1er novembre 2021, le montant des pensions de retraite est passé de 75% à 85% du SMIC net agricole pour les anciens chefs d’exploitation ayant eu une carrière complète. La garantie de retraite agricole minimale des chefs d'exploitation a été portée à 1 138,63 € par mois au 1er janvier 2023.
La retraite d'un conjoint collaborateur se compose de deux parties : une retraite forfaitaire et une retraite proportionnelle à points. La retraite forfaitaire est la contrepartie de la cotisation d’Assurance Vieillesse Individuelle (AVI) et elle est attribuée aux non salariés agricoles exerçant leur activité à titre exclusif ou principal. En plus de cette retraite forfaitaire, le conjoint collaborateur peut bénéficier d'une retraite complémentaire selon le nombre de points acquis durant sa carrière.
La réforme des retraites de 2023 apporte des changements subtantiels concernant les retraites des agriculteurs :
Pour toutes ces questions, votre interlocuteur est la MSA (Mutualité sociale agricole), qui assure la couverture sociale de l’ensemble de la population agricole et des ayants droit, exploitants et salariés. Avec 26,9 milliards de prestations versées à 5,2 millions de bénéficiaires, c’est le deuxième régime de protection sociale en France.
Plus d'articles sur la profession agricole :
(1) Hors régime complémentaire obligatoire.
(2) Source : Les retraites du régime des non-salariés agricoles au 31 décembre 2020 - MSA – 2022
(3) Source : Retraites agricoles : une revalorisation à partir du 1er novembre 2021 - Service Public - 2021
(4) Source : Sécurité sociale : tous les changements au 1er janvier 2022 - Ministère des Solidarités et de la Santé – 2022
(5) Source : Ministère de l'agriculture - Communiqué de presse du 9 février 2022