Publié le 19/10/2021
C’est dans une ambiance chaleureuse et conviviale qu’a débuté la cérémonie. Des petits moments précieux permettant de mettre en lumière les porteurs de projets, toutes promotions confondues, et les parties prenantes du programmes (coachs/ mentors/ partenaires) qui n’ont pas démérité depuis le début du programme en 2019.
© Pierre Prospero
En 2019, The Human Safety Net et La Ruche, épaulés par la mairie de Montreuil, le groupe BNP Paribas et le Réseau des entreprises de Montreuil, se sont associés pour co-créer un programme d’incubation sur le territoire de la Seine-Saint-Denis à Montreuil. Objectif : accompagner des personnes bénéficiant de la protection internationale à réaliser leur projet de création d’entreprise ou d’association par la formation, le coaching, le mentorat de compétences (cours de français, aide à la réalisation d’un Business Plan, etc.) et l’accès à un espace de travail. Un espace de plus de 120m2 est mis à la disposition des porteurs des projets : il a déjà vu passer trois promotions, soit 38 entrepreneurs réfugiés. Depuis, différentes entreprises ont vu le jour dans des secteurs tels que la restauration, les médias, l’informatique, la culture, etc. Fort de son succès, l’incubateur ouvre ses portes, cette année, à une quatrième promotion constituée de 11 futurs entrepreneurs dès novembre prochain.
Halima Menhoudj, adjointe au Maire de Montreuil (93), déléguée à la coopération décentralisée, aux populations migrantes et à la solidarité internationale, a tenu à souligner ce succès et rendre hommage à ces entrepreneurs qui n’ont pas baissé les bras pendant les épisodes de confinement. « Vous qui avez trouvé la force de rebondir et de vous reconstruire. Je tiens à saluer votre investissement sans relâche, votre courage, votre force, c’est une belle leçon de vie que vous nous donnez à nous Français et Françaises. Vous êtes des trésors d’humanité.» , a-t-elle déclaré.
Halima Menhoudj, adjointe au Maire de Montreuil. © Pierre Prospero
« L’expérience de la pandémie a démontré toute la pugnacité et la motivation des équipes embarquées, face à une économie bloquée. Generali et The Human Safety Net se sont également mobilisés pour fournir des ordinateurs et kits sanitaires. Generali a débloqué un fonds exceptionnel de 100 millions d’euros, dont 60 000 pour soutenir les incubés pendant la crise. », confirme Elise Ginioux, présidente de Generali The Human Safety Net France. « Le lancement de l’incubateur de Montreuil restera, pour The Human Safety Net, une formidable expérience humaine. Nous sommes fiers de chacun des projets qui ont vu le jour.»
Car en réalité, qui sont-ils ? Cette cérémonie fut l’occasion d’une remise de certificats à tous les entrepreneurs accompagnés. Tous n’étaient pas présents à l’évènement, mais nous avons eu l’occasion de découvrir de belles personnalités et de beaux succès. Personne n’oubliera Kinan, si heureux de nous apprendre qu’il venait de signer un contrat avec l’université Gustave Eiffel. Ce passionné de gastronomie qui rêve de faire découvrir la cuisine vegan syrienne et libanaise en région parisienne va y installer ses fourneaux dans un container. Et vu la gentillesse de l’homme et la reconnaissance qu’il a envers le programme, il n’est pas à douter que sa cuisine soit délicate et généreuse. Kinan fait partie de la première promotion.
Kinan (à gauche), Omar (au centre), Elise Ginioux (à droite) © Pierre Prospero
Une autre belle personnalité, celle de Josiane. Cette femme de conviction, engagée dans la défense des droits des femmes, a lancé sa plateforme Sociétés et Prospectives. Ce dernier héberge différents contenus sur les problématiques socioculturelles. L’idée de monter cet espace dédié lui trottait dans la tête depuis quelques années, mais il a fallu qu’elle intègre l’incubateur pour le concrétiser. Josiane fait partie de la troisième promotion. Ce qui l’a convaincue d’intégrer l’incubateur : « On est véritablement pris en main avec beaucoup de bienveillance, d’empathie, en même temps que de rigueur et de sérieux. Être accompagnée m’a permis de dépasser ce côté un peu abstrait du projet, et de le coucher sur papier. Grâce à eux j’ai pu me projeter dans la réalité. Je veux repousser les limites de l’exploration et je sais que cet écosystème peut m’y aider. La prochaine étape ? La réalisation d’un documentaire. », affirme Josiane. Son plus beau souvenir ? Sa rencontre avec Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances. Et quelle rencontre, les deux femmes ont débattu lors d’une table ronde.
Josiane (premier plan, à gauche)
Le programme permet également aux incubés de se constituer un réseau et de bénéficier de conseils utiles. Omar peut en témoigner. Ce Syrien est le fondateur d’Ebla Technologie, une plateforme permettant aux petites et moyennes entreprises de créer facilement des logiciels et applications internes. Très alerté sur le sujet du digital, il a su reconnaître l’importance d’être connecté aux autres. « Quand on a un projet on l’appréhende comme une religion, on le défend chaque jour, on a du mal à voir les points faibles. Chaque nouvelle rencontre fût pour moi une occasion de challenger mon projet. Et puis j’ai beaucoup appris : notamment la puissance de frappe de LinkedIn et tout ce que ce réseau pouvait m’apporter pour avancer. », souligne Omar. « Et puis surtout j’ai appris grâce à cet accompagnement à faire la différence entre la bonne et la mauvaise paperasse, à distinguer ce qui était important du reste. ».
L’administratif c’est souvent le plus difficile pour ces entrepreneurs. Certains d’entre eux ont un niveau de français qui ne leur permet pas de remplir toutes les formalités administratives utiles à la création de leur entreprise. C’est là que l’accompagnement de la Ruche fait toute la différence. « L'incubation m'a permis d'élargir mes connaissances et surtout d'acquérir de nouvelles compétences entrepreneuriales. J'ai été connecté à un réseau d'experts dans tous les domaines : comptable, juridique, commercial, financier, etc. », explique Mahamane, ingénieur en sciences de l’environnement. Partant du constat que seuls 25 % des habitants de son pays d’origine, le Niger, ont accès à l’électricité, il souhaite y exporter des kits solaires pour améliorer la qualité de vie dans les foyers Nigériens. Mahamane a bien avancé sur ce projet. Il a eu l’opportunité de le présenter lors du forum mondial des réfugiés à Genève et est déjà en pourparlers avec des entreprises et des politiques pour opérer sur le terrain. Affaire à suivre de très près donc.
Mahamane © Pierre Prospero
Sophie Vannier © Pierre Prospero
« Résilience et créativité sont à l’honneur lors de cette soirée de clôture. Les entrepreneurs des trois premières promotions ont traversé cette crise et en sortent aujourd’hui renforcés. Nous sommes heureux de les mettre en lumière et de célébrer cette aventure collective qu’est l’incubateur The Human Safety Net à Montreuil », a déclaré Sophie Vannier, co-directrice de La Ruche.
Dernier coup de cœur, on ne peut malheureusement pas citer tout le monde (vous pouvez néanmoins retrouver la fiche des 38 porteurs de projets à la fin de cet article), la pétillante Zina : cette comédienne et journaliste aide les exilés à se reconstruire à travers le théâtre et le cinéma. Elle a baptisé son association La Passerelle. Cette cérémonie est l’occasion pour elle de nous présenter sa future collaboratrice Carmit Harash. Ensemble, elles ont répondu à un appel d’offre de la Mairie de Montreuil et vont monter quatre films documentaires sur la ville : les rôles seront tenus par cinq réfugiés que Zina a déjà sélectionnés. Carmit Harash proposera son expérience de cinéaste.
« J’apporterai mon expérience et toute mon énergie pour accompagner ce projet. Un film est fédérateur de rencontres, et j’espère qu’il s’intégrera dans l’industrie du cinéma français ou qu’il fera la différence. J’ai un « h » dans mon nom sans cesse écorché, pourtant je vis depuis 22 ans en France : personne n’arrive à le prononcer. C’est un petit détail au quotidien, mais c’est avec ce genre de détail que l’on va travailler. Le cinéma, ce n’est pas qu’une caméra, c’est avant tout une vision, un regard, une observation, et surtout une écoute des autres. », conclue Carmit Harash. On ne pouvait rêver plus belle phrase de clôture.
Zina (à gauche) et Carmit Harash (à droite) © Pierre Prospero
« Quand nous avons organisé cette cérémonie, nous voulions qu’elle soit officielle et conviviale. Officielle, car nous voulions acter la fin d’une période d’accompagnement, mettre en lumière ces entrepreneurs que nous avons accompagné, souligner leurs efforts et leur motivation pendant cette période très difficile », déclare Sina, responsable du programme à la Ruche..
De jolis coups de pouce ont été donnés : un espace a été proposé à Nidal, danseur et chorégraphe professionnel de grande renommée. Il a pour ambition de créer un studio, et à termes, une école de danse en France entre le néo-classique et une forme de danse folklorique. Lacina, quant à lui, s’est vu confier l’entretien de l’incubateur. Parfait pour celui qui souhaite monter sa propre entreprise de nettoyage pour permettre à son tour de créer des emplois.
Nidal. Collectif Nafass
Un buffet a également été servi à l’ensemble des participants par Sriyani. Cette cuisinière de talent nous avait préparé des mets et boissons sri lankaises. Un délice absolu. Forte d’expériences de traiteur et d’animation de cours de cuisine, elle souhaite non seulement développer son propre programme de cours de cuisine pour réapprendre à mieux consommer, mais aussi proposer des cours de yoga et de médication énergétique. D’ailleurs si vous avez un local à lui proposer, aucun doute qu’elle saura vous régaler.
Sriyani © Pierre Prospero
« Nous aimons la vie… comme vous… comme tous les vivants de ce monde… Mais pas n’importe quelle vie. », pour citer Mouloud Mammeri, écrivain, anthropologue et linguiste algérien kabyle, alors « ensemble ouvrons le champ des possibles », Halima Menhoudj
- Première promotion -
- Seconde promotion -
- Troisième promotion -
- Quatrième promotion -
A noter : Grâce à Montreuil et au soutien du Ministère du Travail (à travers le Plan d’investissement dans les compétences), un deuxième incubateur a vu le jour à Saint-Denis en décembre dernier et un troisième ouvrira ses portes d’ici quelques mois à Strasbourg.