Publié le 01/03/2021
Docteur Claire Bromley : « La maladie d’Alzheimer résulte d’une lente dégénérescence des neurones : elle débute au niveau de l’hippocampe, structure cérébrale essentielle à la mémorisation, puis s’étend au reste du cerveau. Les responsables ? Deux protéines, appelées bêta-amyloïde et tau : elles s’accumulent dans le cerveau (respectivement à l'extérieur et à l'intérieur des neurones) et l’endommagent en synergie. Le malade perd progressivement ses facultés cognitives – pertes de mémoire, de raisonnement, problème de concentration - et sa mobilité. La maladie d’Alzheimer représente environ les deux tiers des cas de démence recensés au Royaume-Uni, soit près de 500 000 personnes. En France, environ 1 million de personnes sont touchées. La maladie d’Alzheimer ne fait pas partie du processus normal de vieillissement, cependant le risque de la développer augmente avec l’âge.
Docteur Claire Bromley : « Des annonces récentes laissent espérer qu’un traitement révolutionnaire contre la maladie d’Alzheimer pourrait voir le jour. L’aducanumab, par exemple, est un anticorps conçu pour cibler et réduire la toxicité de la protéine amyloïde qui s’accumule dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. Suite aux résultats positifs des essais cliniques, les autorités doivent maintenant statuer sur la mise à disposition sur le marché de ce médicament : les bénéfices constatés lors de ces essais sont-ils suffisamment importants ? La réponse à cette question déterminera la population qui y aura accès, ainsi qu’à d’autres médicaments similaires à l’avenir. Au sein de l’association Alzheimer’s Research UK, nous réunissons déjà les autorités compétentes et les entreprises pharmaceutiques pour aider à accélérer la mise au point de nouveaux traitements prometteurs. »
Depuis l’entretien du Dr Bromley, l’Agence Européenne du médicament a rendu un avis négatif quant à la mise sur le marché de l’aducanumab. En cause l’impossibilité d’établir clairement un lien entre la réduction du dépôt amyloïde dans le cerveau et l’amélioration des troubles cliniques. De plus, des effets secondaires ont été observés dans le cerveau des patients soient des gonflements des saignements, possiblement pernicieux.
« A ce jour, les stratégies de recherche sur la démence se concentrent essentiellement sur le développement de traitements qui ralentissent ou arrêtent la progression de la maladie d’Alzheimer : ce qui importe vraiment, c’est l’amélioration des conditions de vie des patients. C’est pourquoi nous finançons un essai clinique pionnier au King’s College de Londres, qui étudie un traitement à base de cannabis : nous pensons qu’il est susceptible d'aider à soulager un ensemble de symptômes difficiles à maîtriser, comme l’agitation et l’agressivité.
Ce traitement sera testé dans des environnements où la santé et le bien-être des participants peuvent être étudiés au plus près. L’engagement et l’engouement des scientifiques, des organismes de financement et des participants à cet essai nous incitent à penser que ce traitement contre la maladie d’Alzheimer peut marquer un tournant décisif dans le domaine médical. »
Docteur Claire Bromley : « De nouveaux traitements aux résultats très prometteurs sont en cours de développement : ils s’adresseront aux patients en début de maladie d’Alzheimer, cible sur laquelle ils seront plus efficaces. L’identification des signes de déclin précoces des maladies neurodégénératives (EDoN) est donc une priorité pour l’Alzheimer’s Research UK. En ce sens, nous agrégeons et synchronisons un maximum de données cliniques liées à la qualité du sommeil, de la mobilité et de la capacité d’élocution auprès des patients. Pour traiter et analyser ces datas et en faire émerger des signaux faibles de maladie d’Alzheimer, nous travaillons avec une société experte en la matière.»
Depuis janvier 2023, de nouvelles recherches du IoPPN (Institute of Psychiatry, Psychology & Neuroscience) ont permis à un test sanguin de prédire le risque d’Alzheimer jusqu’à 3 ans et demi avant un diagnostic clinique.
Docteur Claire Bromley : « Des études antérieures suggèrent que des virus et des bactéries seraient corrélés la maladie d’Alzheimer. Cependant, nous ne savons pas exactement ce qui l’en est : contribuent-ils au développement de la maladie ? Aident-ils le cerveau à y faire face ? Ou simplement, apparaissent-ils en même temps que la maladie d’Alzheimer sans affecter la santé du cerveau ? Existe-t-il seulement un lien entre les deux ? Nous avons besoin de pousser plus loin encore les recherches. A ce jour, l’Aducanumab serait le premier traitement à réduire le déclin clinique associé à la maladie d’Alzheimer : cet anticorps fait appel au système immunitaire pour aider à éliminer les plaques amyloïdes. Mais ce n’est pas un vaccin au sens où on l’imagine, par exemple comme celui contre la grippe. »
Or, depuis cet entretien, ce traitement n’a pas été autorisé sur le marché.
Pour en savoir plus sur les travaux de Alzheimer’s Research UK et voir comment soutenir cette association, consultez alzheimersresearchuk.org (en anglais). Pour en savoir plus sur la maladie d’Alzheimer, vous pouvez également consulter www.francealzheimer.org et www.alzheimer-recherche.org (en français).
Sources :