Publié le 15/01/2025
La trêve hivernale est la période de l’année durant laquelle les locataires ou les occupants d’un logement ne peuvent pas être expulsés par leur propriétaire ou par les forces de l’ordre. Cette période se déroule pendant les mois les plus froids de l’année. L’objectif est de protéger les locataires vulnérables pour éviter qu’ils ne se retrouvent sans abri en plein hiver.
La trêve hivernale est née grâce à un appel de l’abbé Pierre en février 1954 suite au décès d’une femme ayant succombé au froid après avoir été expulsée de son logement. Son appel permet la prise de conscience de l’opinion publique. La trêve hivernale est officiellement instaurée pour la première fois avec la loi du 3 décembre 1956.
Depuis, c’est la loi Alur (loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové) de mars 2014 qui détermine les dates de la trêve hivernale. Dans des situations particulières, comme lors de crises sanitaires, le gouvernement peut choisir de prolonger cette période ou d'adopter des mesures exceptionnelles à la fin de la trêve. Par exemple, en 2020, lors de la pandémie de covid-19, le gouvernement a prolongé la trêve jusqu’en juillet.
Le principe de la trêve hivernale ainsi que ses exceptions sont prévus par les articles L412-6 à L412-8 du Code des procédures civiles d’exécution.
Notez que dans les départements d’outre-mer (DOM), une trêve cyclonique peut s’appliquer.
Chaque année, la trêve hivernale débute le 1er novembre et se termine le 31 mars de l’année suivante. Durant ces cinq mois, les procédures d’expulsion sont suspendues.
Lorsqu'un locataire ne paie pas son loyer à plusieurs reprises, il peut être expulsé. Cependant, la loi interdit toute procédure d’expulsion durant les cinq mois que dure la trêve hivernale. Cela n’empêche pas le propriétaire de continuer à effectuer les démarches nécessaires à l’expulsion qui aura lieu dès la fin de la trêve.
Notez qu’il existe toutefois des exceptions. En effet, certaines personnes ne sont pas protégées par la trêve hivernale comme les squatteurs ou les conjoints violents. Ces personnes peuvent donc être expulsées même durant la trêve si une décision de justice a été prise dans ce sens en amont (article L411-1 du Code des procédures civiles d’exécution). Sont concernés :
Notez qu’une fois la trêve hivernale terminée, la procédure d'expulsion locative pourra reprendre et être exécutée par un commissaire de justice (anciennement huissier de justice), sauf si le problème a été résolu entre-temps.
Lors de la trêve hivernale, les coupures de gaz, d'électricité et d'eau sont interdites, même si le locataire ne paie pas ses factures. Néanmoins, les fournisseurs d'énergie ont le droit de diminuer la puissance énergétique du logement.
En tant que locataire, vous ne pouvez pas être expulsé de votre logement entre le 1er novembre et le 31 mars de l’année suivante. Sachez toutefois que si une procédure d’expulsion a été lancée avant le 1er novembre, celle-ci reprendra son cours dès la fin de la trêve hivernale (soit à partir du 1er avril).
Lors de la trêve hivernale, ni le bailleur, ni les fournisseurs d’énergie ne sont autorisés à couper l’eau, l’électricité et le gaz. Vous pourrez ainsi passer l’hiver dans un logement chauffé et éclairé.
Les solutions en cas de difficultés de paiement
Si vous avez des difficultés à payer votre loyer, n’hésitez pas à contacter SOS loyers impayés. Il s’agit d’un service gratuit d'accompagnement, de conseils et de prévention pour les personnes qui risquent l'expulsion en cas de loyers impayés.
Plusieurs solutions existent en cas de difficultés de paiement :
Les recours si le propriétaire ne respecte pas la trêve hivernale
Le non-respect de la trêve hivernale est un délit. Si le propriétaire tente d’expulser le locataire, il risque une peine de prison allant jusqu'à trois ans ainsi qu’une amende de 30 000 euros. De plus, le locataire peut porter plainte pour expulsion illégale (selon l’article 226-4-2 du Code pénal).
En tant que propriétaire, vous devez respecter la trêve hivernale sous peine de sanctions (tel que mentionné précédemment), même si vos locataires ne respectent pas leur contrat de bail et ne paient pas leur loyer. Cependant, vous pouvez tout à fait lancer auprès de la justice une procédure d’expulsion durant cette période. En effet, ces démarches sont assez longues, il convient donc de les démarrer le plus tôt possible. Seule l’exécution de l’expulsion sera reportée à la fin de la trêve.
Sachez toutefois qu’il existe des exceptions à la trêve hivernale telles que l'occupation illégale, la violence au sein du ménage ou l’obligation de relogement, comme nous l’avons vu plus haut. Si vous constatez l’une de ces situations et que vous pouvez la justifier, alors vous pourrez faire expulser les occupants du logement concerné, même pendant la trêve hivernale.
N’hésitez pas à demander conseil à SOS loyers impayés, qui aide également les propriétaires bailleurs.
Les solutions si le locataire n'a pas régularisé sa situation à la fin de la trêve hivernale
Pour rappel, il existe trois motifs d’expulsion d’un locataire :
À la fin de la trêve hivernale, si le locataire n’a pas régularisé sa situation et que les deux parties n’ont pas trouvé de solution à l’amiable, le propriétaire peut saisir la justice afin de demander l’expulsion du locataire.
Les étapes d'une procédure d’expulsion locative
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Sources :
Le locataire protégé ne peut, en principe, être délogé que dans certaines circonstances prévues par la législation. Il est néanmoins tenu, comme tout locataire, de respecter ses engagements contractuels, même s’il est en situation de handicap. Le point sur vos droits de propriétaire pour résoudre un litige avec un locataire protégé et récupérer votre logement.
Pour éviter que des locataires âgés aux revenus modestes ne se retrouvent sans logement, une protection spécifique est prévue par la loi, empêchant les propriétaires de résilier le bail sans leur accord et sans leur proposer un relogement. Le point sur le statut de locataire protégé et les obligations qui en découlent.