Publié le 06/12/2024
il s'agit d'un anglicisme, contraction des mots sharing (partager) et parenting (parentalité) désigne l’habitude de nombreux parents à publier des contenus liés à leurs enfants. Beaucoup de photos et vidéos circulent en effet sur les réseaux sociaux. Or cette pratique, tout à fait innocente pour beaucoup de parents, est plus dangereuse qu’il n’y paraît et elle devient un phénomène viral.
Plus de la moitié des parents (53 %) ont déjà partagé du contenu lié à leurs enfants sur les réseaux sociaux, selon l’Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique. Pour cette raison, l’association L'Enfant Bleu a lancé une campagne sur les dangers de la pratique du sharenting. « Afin d'éviter qu'une photo de votre enfant ne tombe entre de mauvaises mains, nous vous recommandons de limiter la portée de vos publications », insiste-t-elle sur son site.
Tout peut commencer avec les meilleures intentions du monde. Un enfant naît, il fait quelque chose de mignon, il prend volontiers la pause : il est tentant, pour un parent, de vouloir partager une photo ou une vidéo avec ses proches via ses réseaux sociaux.
D’autres parents pratiquent volontiers le sharenting en partageant leur quotidien via des « vlogs » familiaux, c’est-à-dire des vidéos où des parents racontent leurs vacances ou leur vie de famille en mettant en scène leurs enfants. Ces contenus sont partagés sur des plateformes publiques comme Instagram, TikTok, Facebook ou YouTube.
Certains parents, enfin, s’affichent comme des « influenceurs » et espèrent monnayer leurs publications en générant le plus grand nombre de vues et nouent ainsi des partenariats avec des marques.
Dans tous les cas, les photos et vidéos de nos enfants, dès lors qu’elles circulent sur Internet, peuvent être partagées à l’infini. Publier des photos de ses enfants, c’est exposer sa progéniture à des commentaires malveillants, voire du harcèlement. Plus grave encore, les associations de protection de l’enfance expliquent que des pédocriminels peuvent récupérer les photos postées par les parents et les détourner pour créer de faux profils ou pire encore.
En mars 2023, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité une proposition de loi visant à protéger le droit à l'image des enfants sur Internet. Le texte à l’étude prévoit des sanctions « si la diffusion de l’image de l’enfant par ses deux parents porte gravement atteinte à sa dignité ou à son intégrité morale ».
Il ne s’agit pas d’interdire aux parents de publier des photos de leurs enfants mais de les alerter sur certains dangers et de suggérer quelques précautions. Certains clichés autour de la vie privée méritent de rester dans la sphère personnelle.
La première étape, pour les parents qui souhaitent partager des photos de famille avec des proches, est de vérifier les paramètres de confidentialité de leurs réseaux sociaux. De même, parmi les conseils partagés, les parents ne doivent pas accepter n'importe qui comme contact.
Parmi les photos les plus dangereuses, l’association L'Enfant Bleu recommande de bannir et d’effacer toute photo « suggestive » : « enfants dénudés, en maillots de bain ou en tenues de gymnastique ».
Évitez également les informations identifiables : ne partagez jamais d'informations qui pourraient aider des personnes mal intentionnées à identifier ou à localiser vos enfants. Cela inclut notamment les noms d'écoles ou les adresses.
Réfléchissez avant de partager : avant de publier une photo ou une vidéo de vos enfants, pensez à leur droit à l'image et à leur vie privée. Assurez-vous qu'ils sont d'accord avec la publication si ils sont assez âgés pour comprendre.
En résumé, voici les 4 recommandations de la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) :
Demandez l’accord de votre enfant et de l’autre parent avant toute publication. Si l'un des parents ne respecte pas le droit à l’image de l'enfant, l'autre parent peut saisir le Juge aux affaires familiales (Jaf).
Évitez le partage de certaines photos et vidéos (enfants nus ou en maillot de bain) et cachez le visage de votre enfant.
Sécurisez vos comptes et réduisez la visibilité de vos publications à vos seuls abonnés
De nombreux contenus pédocriminels sont malheureusement issus des réseaux sociaux. Selon la COFRADE (Conseil Français des Associations pour les Droits de l’Enfant), 50 % des photos publiées sur les forums pédopornographiques sont en effet des clichés pris par les parents et partagés publiquement sur leurs réseaux sociaux. Il est donc primordial d'éviter de publier des photos reconnaissables de ses enfants sur les réseaux sociaux, au risque de les exposer à cette menace.
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Sources :