Publié le 08/03/2024
L'assurance emprunteur joue un rôle crucial pour les personnes atteintes de maladies graves comme le cancer. Selon le contrat souscrit, elle se substituera en tout ou partie à l'emprunteur si celui-ci ne parvient plus à honorer ses remboursements pour cause d'incapacité, d'invalidité ou de décès, protégeant ainsi ses proches.
Pour les assureurs, le cancer peut être considéré comme un risque aggravé de santé. Ceux-ci pourraient de ce fait exclure certaines garanties au moment de la souscription, ou adapter leurs tarifs (surprime) pour compenser ce risque supplémentaire.
Depuis 1991, des dispositifs juridiques ont été progressivement mis en place afin d'accompagner les personnes atteintes de cancer à obtenir une assurance emprunteur dans les meilleures conditions possibles.
La convention AERAS (S'Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) a été signée par les pouvoirs publics, les établissements de crédit, les assureurs et les associations de malades et de consommateurs. Elle a pour objectif de permettre aux personnes ayant ou ayant eu une maladie grave, comme le cancer ou l’hépatite C, d'emprunter dans des conditions plus équitables.
La convention AERAS a notamment :
Pour bénéficier de la convention AERAS, certaines conditions sont à respecter :
A noter : en 2022, la loi « pour un accès plus juste, plus simple et plus transparent au marché de l’assurance emprunteur » (dite « loi Lemoine ») a supprimé le questionnaire médical pour les encours de crédits immobiliers inférieurs à 200 000 euros par personne et dont la fin de remboursement intervient avant le 60e anniversaire de l'emprunteur.
Les malades ou anciens malades du cancer seront donc considérés de façon totalement équivalente à tous les autres emprunteurs si les deux conditions ci-dessus sont respectées.
La convention AERAS est automatiquement appliquée par les assureurs dès lors que votre état de santé ne vous permet pas d'obtenir une assurance de prêt.
Vous n’avez donc aucune formalité à remplir pour l'activer ni de dossier spécifique à compléter.
L'étude d'un dossier dans le cadre de la convention AERAS se déroule en trois niveaux successifs, si nécessaire :
Les délais de réponse varient selon les niveaux d'analyse, mais la décision finale est généralement rendue dans un délai raisonnable. L’assureur vous informe par courrier de sa décision, en précisant le niveau d’examen auquel le refus est intervenu ainsi que les coordonnées de la Commission de médiation de la convention AERAS.
Quel que soit le niveau auquel elle a été formulée, la proposition d'assurance pourra être assortie d’une Garantie Invalidité Spécifique, d'une exclusion ou d'une surprime.
A noter : la Convention AERAS n’ouvre pas un droit à l’assurance. Elle facilite l’assurabilité des personnes qui présentent ou ont présenté un risque aggravé de santé mais les assureurs ne sont pas tenus d'assurer un emprunteur car leur analyse du risque prend en compte d'autres facteurs que la santé : son lieu de résidence, son âge, le montant et la durée du prêt...
Si aucune assurance n'a pu être trouvée, une garantie alternative à l'assurance pourra être recherchée avec l'organisme de crédit, comme une caution, une hypothèque sur un autre bien, ou le nantissement d'une assurance vie.
Selon France Assureurs, 10% des 4 millions de demandes d'assurances de prêt émises en 2022 présentaient un risque aggravé de santé et 95% des demandes ont reçu une proposition d'assurance couvrant au moins le risque de décès (1).
Le droit à l'oubli est un dispositif juridique qui permet aux anciens malades de ne pas mentionner leur maladie passée lors de la souscription à une assurance de prêt. Ce droit a été établi pour protéger les personnes ayant eu un cancer (ou l'hépatite C), en leur permettant d'accéder à l'emprunt sans être pénalisées par leur passé médical.
La loi Lemoine de 2022 a réduit le délai d'oubli à cinq ans pour les anciens malades du cancer, au lieu de 10 précédemment. Ainsi, une personne guérie d'un cancer (ou de l'hépatite C) n’a plus besoin de déclarer sa maladie à son assureur après une période de cinq ans sans rechute depuis la fin du protocole thérapeutique et pourra donc être assurée au tarif standard.
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