Publié le 23/05/2023
Pour soulager les douleurs, il est courant d'avoir recours aux antalgiques. Accessibles sans ordonnance, Doliprane, Efferalgan, Ibuprofène ou Advil sont des antalgiques de niveau 1, utilisés pour traiter les douleurs courantes comme des maux de tête ou de ventre passagers.
Les antalgiques de niveau 2 et 3, en revanche, sont théoriquement disponibles uniquement sur ordonnance. Ils sont prescrits pour le traitement des douleurs modérées à fortes, lors de douleurs aiguës chroniques ou post-opératoires par exemple. Ils comprennent des médicaments connus comme le Tramadol, la Codéine ou l’Ixprim. Ces médicaments, aux molécules physiquement modifiées, font partie de la famille des opioïdes (ou opiacés) qui sont des composés naturels dérivés de l’opium, comme la morphine.
Depuis le 17 juillet 2017, une prescription médicale est nécessaire pour l’achat de tout antalgique de niveau 2 contenant de la codéine, quelle que soit la dose. Cette décision fait suite, notamment, au décès la même année de la jeune Pauline, 16 ans, morte d’une overdose médicamenteuse de codéine. Or, jusque-là, s’ils contenaient 20 mg ou moins de codéine, des antidouleurs pouvaient être achetés sans ordonnance.
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), cette nouvelle législation, certes plus sévère, n’écarte pas tous les risques. Théoriquement disponibles sur ordonnance, ces antalgiques restent dangereux dans au moins deux cas. Un patient s’expose déjà à des effets indésirables s’il dépasse la dose prescrite, finit sa boite ou triche avec son ordonnance pour en obtenir davantage de comprimés par exemple. Autre cas de figure classique : des restes de comprimés, avec la mention « antidouleur », sont rangés dans la pharmacie et pris, souvent par inadvertance au début, par un autre membre de la famille.
Or, il faut savoir que tous les opiacés, si on continue de les prendre plus longtemps que nécessaire ou sans supervision médicale, comportent des risques.
La constipation est un premier effet secondaire des opiacés, à ne pas négliger. Viennent ensuite des nausées, somnolences, des vomissements ou encore des vertiges. Plus graves, ces effets secondaires peuvent susciter une dépendance psychique et physique. Depuis 30 ans, les overdoses aux opiacés ont ainsi fait plus de 400 000 morts aux États-Unis, selon les Centres de contrôle des maladies (CDC). Ces comprimés, entre de mauvaises mains, peuvent aussi être détournés à des fins faussement récréatives.
La France, malgré l’encadrement de l’ANSM, n’est pas à l’abri de certaines dérives. De façon préventive, toute personne qui se fait prescrire des opiacés doit respecter la dose prescrite et rapporter les médicaments restants non utilisables à la pharmacie ; une initiative importante pour limiter la pollution. Et si certaines douleurs persistent, il faut impérativement consulter son médecin plutôt que d’augmenter les doses d’antidouleurs et risquer la dépendance.
Il faut aussi, dans un foyer, surveiller certains signes chez ses proches, notamment ses adolescents. Malgré la réglementation du marché, certains opiacés restent en vente libre à l’étranger.
Enfin, il faut être attentif à l’arrivée sur le « marché » de nouveaux opioïdes de synthèse. Fabriquées avec des produits chimiques, ces nouvelles drogues de synthèse s’achètent facilement sur internet et échappent même à la législation sur les stupéfiants. Or, certaines, comme le fentanyl, sont jugées cent fois plus puissantes que la morphine et beaucoup plus addictives. Sur plus de 100 000 personnes décédées d'une overdose aux États-Unis en 2021, les deux tiers avaient pris du fentanyl.
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