Publié le 01/02/2022
Des travaux peuvent être interrompus pour plusieurs raisons : des événements extérieurs imprévisibles (incendie, intempéries…) ou prévisibles comme des congés. Le chantier reprend progressivement après une période raisonnable, par exemple 15 jours. L’abandon de chantier se caractérise, lui, par une interruption injustifiée des travaux durant une période anormalement longue (plusieurs mois).
Attention, l'assurance dommages-ouvrage que doit souscrire tout particulier faisant construire ou entamant des travaux de rénovation importants (extension, surélévation, etc.) couvre les malfaçons mais pas le non-achèvement des travaux.
Essayez de renouer le dialogue avec votre entrepreneur. Si cela ne donne aucun résultat, il faudra réaliser plusieurs étapes avant d’entamer une procédure judiciaire.
Adresser un courrier de mise en demeure à l’entreprise
Premièrement, envoyez une lettre recommandée avec avis de réception à l’entreprise en la mettant en demeure de reprendre l’exécution des travaux dans un délai raisonnable (8 à 15 jours à compter de la réception du courrier) et informez-la de l'arrêt des paiements jusqu'à la reprise des travaux.
Vous devez rappeler dans votre courrier :
Faire constater l’arrêt du chantier par un huissier
Si l’entreprise n’a pas répondu à votre mise en demeure, faites ensuite appel à un huissier pour constater l’abandon de chantier. Il établit un procès-verbal qui détaille :
Remettez à l’huissier le devis des travaux et la preuve des acomptes qui ont été versés. Ce procès-verbal pourra vous servir de preuve pour une éventuelle action en justice, et vous permettra également de faire réaliser le reste des travaux par une autre entreprise après accord du juge.
Contacter votre assureur
Si vous bénéficiez d’une option protection juridique comprise dans votre contrat multirisque habitation ou que vous avez souscrit un contrat protection juridique qui couvre les litiges relatifs aux travaux que vous faites exécuter, il est essentiel de déclarer votre sinistre à votre assureur. Il pourra vous aider dans la résolution du conflit. De plus, si vous engagez des dépenses (frais d’huissier et d’avocat) avant la déclaration du sinistre et sans son accord, elles ne seront pas prises en charge.
Pour savoir si l’entreprise est en redressement ou liquidation judiciaire, consultez le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales (Bodacc) ou le registre du commerce et des sociétés (RCS). Vous pouvez également vous adresser aux greffes du tribunal de commerce.
Si tel est le cas, adressez votre mise en demeure à l’administrateur ou liquidateur judiciaire de l’entreprise. Vous trouverez ses coordonnées auprès du greffe du Tribunal de commerce du siège social de l’entreprise. Il dispose d’un mois pour vous répondre. Passé ce délai, son silence est considéré comme un refus de poursuivre le chantier et le contrat est résilié. Vous devrez alors lui déclarer votre créance pour en obtenir le paiement.
À noter, les créanciers privilégiés (salariés, Trésor public, Urssaf...) étant payés en priorité, vos chances d’être réglé sont très faibles. La déclaration de créance n’en demeure pas moins une démarche indispensable.
Selon l’article 1231-1 du code civil, en tant que professionnel, l’entreprise du bâtiment a une obligation de résultat. Vous pouvez donc intenter une action en justice à son encontre si vous n’avez pas réussi à trouver une solution amiable. Pensez à rassembler toutes les pièces justificatives : le devis signé avec l'entrepreneur défaillant, la preuve des sommes déjà versées, le procès-verbal de l'huissier d'abandon des travaux et le devis chiffrant les travaux restants.
Attention, vous devez attendre la décision du juge pour confier les travaux à une autre entreprise.
À quelle juridiction devez-vous vous adresser ?
Si vous avez emprunté pour la réalisation des travaux, vous ne pouvez pas décider de cesser le remboursement. Rapprochez-vous de votre banque pour obtenir une suspension de votre emprunt. En cas de refus, vous pouvez demander au juge d’instance de suspendre vos obligations de remboursement (art. 1343-5 du code civil). Un délai d’une durée de deux ans peut vous être accordé pendant lequel les procédures d’exécution engagées par le prêteur et le cours des pénalités ou majorations d'intérêts dues en cas de retard sont suspendus.
Pour éviter les mauvaises surprises, voici quelques conseils :